Réforme de l’orthographe : on ne négocie pas avec la République

Langage et réel se façonnent l’un l’autre, George Orwell en est en témoignage. « Ne voyez-vous pas que le véritable but de la novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer ».

Les avertissements n’ont jamais manqué dans le passé, pour nous mettre en garde quant aux tripatouillages de la langue. Ce billet analyse assez justement la décision de mettre en œuvre ce décret justement enterré depuis 1990.

Le Comptoir

C’est reparti pour un tour ! Chacune des annonces de réforme concernant de près ou de loin nos chères têtes blondes annonce un tollé sans pareil, au risque d’occulter certains autres sujets d’actualité, bien plus brûlants. Alors, cette réforme de l’orthographe, que faut-il en penser ? Si elle ne signe pas la disparition de l’accent circonflexe, elle participe, en revanche, d’une volonté de simplification de la langue française. Au détriment de quoi, de qui ? Voilà la question qui fâche, tant les plus fervents défenseurs de la réforme se réfugient derrière son prétendu bienfait envers les classes populaires, ces « larges masses » trop bêtes pour intégrer aujourd’hui ce que des milliers d’enfants hier assimilaient sans mal. Mais toucher à notre langue, symbole par excellence de notre patrimoine commun, de notre “chose publique”, c’est porter un coup à notre République. Et la période est bien trop trouble pour que les Français laissent…

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6 réflexions sur “Réforme de l’orthographe : on ne négocie pas avec la République

  1. Je persiste ! J’ai lu cet article dans son intégralité et les arguments développés sont (ce qui n’était pas le cas de votre post dans lequel je m’étais d’abord exprimé) pour la plupart hors sujet. L’invocation de la novlangue est particulièrement idiote : le but de la novlangue est de réduire le nombre de mots, pas de simplifier l’orthographe ! L’ascension sociale de Camus ou de Péguy aurait très bien pu se faire avec un français orthographié comme l’italien, et même sans latin, qui n’était « utile » à l’époque que comme marqueur de bons élèves, un peu comme maintenant les filières maths/sciences. L’argument « c’est difficile, certes, mais nous on a bien réussi » m’a également énervé. Oui, moi aussi j’ai réussi à me faire enlever des caries sans anesthésie, ce n’est pas pour ça que je souhaite que les générations suivantes doivent subir cette épreuve ! Je pense aux gens qui n’ont pas comme moi une mémoire visuelle.
    Finalement je ne suis d’accord qu’avec la citation de l’agrégé André Chervel « Si l’on veut que tous les jeunes Français apprennent l’orthographe, faisons comme nos ancêtres qui l’ont déjà simplifiée une première fois pour faciliter l’apprentissage de la lecture. Simplifions-la, mais enseignons-la : elle doit redevenir une discipline à part entière de l’école et du collège. […] . »

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    • Je pense que vous vous trompez. Bien sûr que dans un pays gouverné par des gens sensés, prendre la décision de donner à sa langue des règles d’orthographe, alors que le français s’écrivait pour ainsi dire un peu n’importe comment, est de bon aloi. Mais il ne s’agissait alors pas de « simplifier », et il faut remettre cette récente décision dans le contexte actuel.

      Si le gouvernement s’était contenté de rendre plus cohérent quelques règles générales, ce ne serait rien, mais quand cela suit tout le bazar pédagogo de « construction du savoir » par l’élève, de méthode de lecture globale, de suppression des langues anciennes taxées « d’élitistes » (et alors, c’est devenu un gros mot?), et j’en passe un bon paquet, non, cette réforme de l’orthographe n’est pas juste une petite « simplification », et cela s’inscrit clairement dans un programme à long terme de destruction de nos fondamentaux culturels, dont l’orthographe fait partie. Il n’y qu’à voir le résultat sur nos jeunes, même plus fichu de faire des opérations mathématiques simples, ni de faire la différence élémentaire entre ça et sa.

      Très bon article à ce sujet:

      http://metamag.fr/2016/02/08/lorthographe-consideree-comme-un-fascisme-dexclusion/

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    • L’orthographe n’est pas une épreuve mais une art de l’Histoire et de la richesse d’une langue. Naturellement une langue évolue toujours mais évoluer ne signifie pas niveler par le bas pour des raisons idéologiques (ce qui ne se fit jamais avant).

      Lorsqu’on demanda au Tsar Nicolas II pourquoi le mot « Mir » pouvait s’écrire avec deux « i » différents selon sa signification de « monde » ou de « paix », il avait répondu sous forme de boutade sérieuse « c’est pour distinguer les lettrés des illettrés ».

      Tous les régimes qui « simplifient » la langue simplifient également la pensée en appauvrissant la capacité des hommes de saisir et d’exprimer la complexité et la richesse de la Création. Mais comme il est difficile de faire rouler tout le monde en Maybach Zeppelin, ils préfèrent faire rouler les gens en Trabant…

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  2. Je pense que vous avez raison, tout cela procède de la même volonté d’abrutissement du populo et de promotion de illettrisme. Et il n’y aura sans doute guère moins de fautes dans les inepties diffusées sur Internet!

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