Miscellanées II

Quand je prend connaissance du contenu de la loi dite sur le renseignement, la seule chose qui me vient à l’esprit, c’est cette citation tirée du film « Le Président » : « Dites-vous bien que lorsqu’un mauvais coup se mijote, il y a toujours une république à sauver. » On nous dit que les fameux algorithmes, autrement appelés boîtes noires, censées être installés chez les fournisseurs d’accès pour repérer les contenus « intéressants » pour le renseignement (terrorisme, espionnage économique, fraude fiscale, etc. ad nauseam), vont être corrigés pour cibler les seuls contenus recherchés. On nous promet que la commission indépendante (comme notre justice ou le CSA ?) sera là pour veiller au grain. Cependant, les ordres viendront du Premier ministre, autant dire que le pouvoir politique aura toujours toute latitude pour désigner les cibles. Qui peut nous garantir qu’une fois la menace des barbus éloignée, Matignon ne décidera pas de mettre sous surveillance quelques blogueurs et autres personnes qu’il considérera comme des personnes représentant une menace pour la république ? Notez que ce qui les inquiète, ce n’est pas que la France soit menacée mais seulement ce régime de merde finissant qui commence sérieusement à sentir le cadavre.

Claude Bartolone, actuel locataire du perchoir de l’assemblée dite nationale, voudrait bien rendre le vote obligatoire. Après les écolocons, voilà les socialeau de vaisselle ( © Didier Goux) qui s’y collent à leur tour. Comme on ne sait pas comment occuper le temps de cerveau disponible de l’électeur moyen, on ressort l’habituel marronnier républicain. Merveilleuse perversion qui consiste à transformer un droit, qui par essence peut être utilisé ou pas, en un devoir auquel devra adossé un appareil punitif à base d’amendes afin d’être efficace. Par ailleurs, c’est un viol des consciences puisque tous ceux qui, comme votre serviteur, sont anti-républicains seront sommés de participer à la grande guignolade républiconne sous peine de devoir raquer et être considérés comme de mauvais citoyens. Mais au delà de ces aspects, c’est encore une fois une pitoyable manière de se défausser sur la base. Car quoi, si l’abstention ne cesse de gagner du terrain, ce n’est pas par hasard. Les gens se déplacent pour voter lorsque l’offre politique est intéressante. Mais aujourd’hui le roi est nu. L’électorat sent bien que le pouvoir est ailleurs. Il est entre les mains de la commission européenne, 70% à 80% des textes adoptés ne sont que la transcription dans notre droit de directives et autres textes adoptés par cette structure supra-étatique dont les membres ne sont pas élus mais nommés. Les électeurs sentent bien que les leviers susceptibles de résoudre la crise économique n’est pas entre les mains des clowns qui font du bruit dans les écrans. Alors, pourquoi se déplacer pour élire des types qui vont percevoir de confortables émoluments, jouir d’avantages non négligeables, mais qui finalement ne peuvent pas faire grand chose ? En plus, si cette mesure devait être adoptée, elle ne pourrait pas faire l’impasse de la reconnaissance pleine et entière du vote blanc, arme particulièrement létale dans une démocratie représentative. Autant dire que cela ne risque pas d’être à l’ordre du jour de la prochaine législation, Moi Président se débrouillera pour que cela tombe dans la boîte des fausses bonnes idées.

3 réflexions sur “Miscellanées II

  1. Le problème de nos « élites », c’est qu’elles aiment la république mais détestent la France et les Français, qui ne seront jamais assez bien pour eux. De toute façon, ces gens ne seraient pas crédibles s’ils invoquaient la France. C’est l’hommage du vice à la vertu, en quelque sorte. Nos politiciens professionnels ne sont jamais aussi sincères que dans le mensonge et l’évocation de cette fumisterie qu’est l’actuelle république.

    Les Français, quant à eux, sentent peut-être l’inutilité du vote, mais vous ne pouvez les dédouaner d’une grande part de responsabilité dans leur malheur. S’ils souhaitaient que les choses changent vraiment, ils pourraient par exemple massivement voter pour un « petit » candidat, du genre Dupont-Aignan ou Chevènement. Non pas que cela soit une solution crédible, mais Chevènement élu avec 90 % des voix serait un acte bien plus révolutionnaire et choquant qu’un FN à 25 ou 30 %. Au fond, c’est toujours le même problème : tout le monde a intérêt à ce que le système perdure, parce qu’au fond, tout le monde en récupère peu ou prou quelques miettes, et chacun se dit que c’est finalement mieux que pas de miettes du tout. Ajoutez à cela la propension naturelle de l’homme à attendre que tout le monde bouge pour entrer dans la danse : chacun regarde alors anxieusement les autres, en espérant que quelques courageux prendront une initiative qui les décomplexera. Mais les autres, c’est nous.

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  2. On pourrait aussi mentionner un « détail », qui est que la surveillance massive des interwebs ne nous protégera certainement pas mieux du terrorisme. Malgré que la CIA était avertie d’un attentat en préparation sur le sol américain, personne aux USA n’a pu empêcher le coup du 11 septembre. Les français réclament en majorité une surveillance accrue, l’état, rosissant de plaisir, s’empresse de les satisfaire. Et le résultat sera, au lieu d’une prétendue meilleure lutte contre le terrorisme, que cette loi augmentera le risque pour des innocents d’être poursuivis, pendant que les sales types continueront à l’ancienne, sans laisser de traces évidentes sur les divers réseaux surveillés. Ce sont les français qui sont les abrutis dans cette histoire, l’état ne fait que prendre le pouvoir qu’ils veulent lui donner.

    Si vous tendez un bon gros nonosse à un chienchien, même bien nourri, vous croyez qu’il va le dédaigner? Dont acte.

    Et pour le vote, l’état peut décréter ce qu’il veut pour m’y contraindre, ce n’est que raison supplémentaire de ne pas aller voter. Mille milliards de mosquées, qu’ ils m’envoient donc leur amende, je leur renverrais avec une signature de mon cru! Mais c’est sûr, la limite de l’acceptable serait alors dépassée, je ne vote pas, et je ne paye pas. Ventredieu!

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