L’histoire républicaine, éternellement recommencée

la gueuse au boulot

La république attendant l’électeur le pigeon.

« En finira-t-on avec les relents de pourriture parfumée qu’exhale encore la vieille putain agonisante, la garce vérolée, fleurant le patchouli et la perte blanche, la République toujours debout sur son trottoir. Elle est toujours là, la mal blanchie, elle est toujours là, la craquelée, la lézardée, sur le pas de sa porte, entourée de ses michés et de ses petits jeunots, aussi acharnés que les vieux. Elle les a tant servis, elle leur a tant rapporté de billets dans ses jarretelles ; comment auraient-ils le cœur de l’abandonner, malgré les blennorragies et les chancres ? Ils en sont pourris jusqu’à l’os.« 

Robert Brasillach

En ce 6 février, on ne peut que se souvenir de la gueule qu’avait la république en 1934. L’affaire Stavisky, une de plus dans la longue liste qui jalonne l’histoire de la république dès sa naissance, est très certainement l’affaire de trop. Parmi les noms des affairistes liés à l’escroc, on trouve (déjà) la fine fleur de la gauche probe et morale de l’époque : le député radical-socialiste Gaston Bonnaure, le sénateur radical-socialiste René Renoult (qui votera les pleins pouvoirs à Pétain), le ministre des Colonies Albert Dalimier (radical-socialiste), les directeurs de journaux Dubarry et Aymard avaient profité de ses largesses en échange de leur appui. Autre stigmate de la pourriture, le procureur général Pressard, beau-frère du président du Conseil Camille Chautemps usa de sa position pour faire disparaître les traces des malversations passées de Stavisky, ainsi que pour faire sans cesse reporter le procès du « beau Sacha ». C’est que l’animal avait détourné 25 millions de francs, issus de l’épargne populaire par l’émission de faux bons du Crédit municipal de Bayonne, avec la complicité du député-maire radical-socialiste de la ville Joseph Garat.

Le 6 février 1934, la colère du peuple de Paris éclate. Certes, en première ligne on trouve l’Action Française, les Croix de Feu, Solidarité française, les Jeunesses Patriotes, et autres mouvements patriotiques, et non pas fascistes comme aiment à le prétendre les gauchistes, mais on oublie que parmi les dizaines de milliers qui vinrent se masser place de la Concorde pour dénoncer la république des coquins, il y avait aussi bon nombre de gens de gauche, dont une part non négligeable de communistes membres de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC). Ce qui n’empêcha pas la presse de gauche, le lendemain, de titrer que la république avait été sauvée du fascisme. Déjà cette vieille scie du régime aux abois, régime que l’on prend la peine d’identifier abusivement à la France. C’est que la crise économique ravageait le pays, le chômage faisait des ravages et le petit peuple voyait médusé cette clique d’élus de gauche s’enrichir à travers des affaires douteuses quand ce n’était pas de pures escroqueries. La gauche morale préférait déjà défendre son portefeuille plutôt que les intérêts des damnés de la terre.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Peut-on affirmer que la république est devenue morale, ou qu’elle s’est contentée, comme bon nombre de salopes, de se faire refaire l’hymen ? Je crois que la liste des affaires qui ponctuent l’histoire de la cinquième république est suffisamment éloquente pour ne plus se faire d’illusions sur le régime. A celle-ci, manifestement pas à jour, on peut ajouter celles qui jalonne le demi quinquennat de François Hollande, ce président normal qui a un ennemi, la finance, et qui voulait moraliser la politique : les affaires Jérôme Cahuzac, Aquilino Morelle, Jean-Jacques Augier, Gérard Dalongeville, Thomas Thévenoud, Faouzi LamdaouiJean-Noël Guérini, Yamina Benguigui, Kader Arif. Énumération qui donne le vertige. Heureusement qu’il s’agit de la gauche morale, car si nous avions écopé d’un gouvernement de gauche sans prétention particulière quant à la probité, j’imagine que la liste aurait été autrement plus longue. Lorsque je lis le détail des malversations de ce que l’on peut appeler le gratin de la gauche française, je ne peux que faire le lien avec les le contexte des années trente. L’économie française est frappée par la crise, le chômage atteint des sommets, pendant que ces messieurs, et dame, soyons galants, se servent sans la moindre vergogne. Comment ne pas avoir envie de crier « à bas les voleurs » ? Comment ne pas avoir envie de prendre d’assaut les palais de la république et balancer la racaille républicaine à la Seine ?

Ce qui sauve cette compagnie de Jean Foutre, de semi-habiles et de voleurs, c’est que de nos jours il y a une entreprise d’abrutissement de masse qui s’appelle la télévision. Mais également la complicité qui existe entre le pouvoir et la presse écrite et idiotvisuelle. Et puis grâce à l’assistanat qui a été mis en place au sortir de la guerre et qui n’a cessé de monter en puissance, l’Etat tient une bonne partie de la population sous dépendance, sans parler de tous ceux qui sont sous perfusion via le RSA et autres dispositifs. Les Français n’ont pas encore assez faim, l’avenir de leurs enfants n’est pas encore totalement fermé pour qu’ils décident de descendre dans la rue pour de demander des comptes. En revanche, lorsque le pognon fera vraiment défaut, faute de trouver encore quelques pigeons pour prêter de l’oseille, et ça viendra, il ne fera pas bon d’être un élu de la gueuse.

partie remise

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